dimanche 3 octobre 2021

L'histoire des 3 Adolf

 

    L'histoire des 3 Adolf de Osamu Tezuka, une intégrale en deux tomes chez Delcourt - Tonkam.

    Osamu Tezuka est considéré par beaucoup comme l'un des mangakas les plus influents de son époque. Il est surnommé le dieu du manga. Je n'avais lu de lui que le titre Bouddha que j'avais bien aimé. Je me suis donc attaqué à l'Histoire des 3 Adolf sans attente particulière.

    Pour ce qui est de l'édition, elle est de très bonne qualité, aussi bien au niveau de la qualité du papier et de la fabrication que du travail éditorial. Concernant ce travail éditorial de presque cent pages réparties sur les deux volumes nous avons plusieurs articles sur des éléments de l'Histoire avec un grand H qui nous éclaire sur les événements de l'histoire des 3 Adolf. Cela nous permet de mieux comprendre le fonds historique des événements que vivent nos protagonistes. Nous avons aussi quelques articles sur l'auteur, Osamu Tezuka.

    Le style de Tezuka est particulier. Il est à la fois simple, expressif et réaliste. Par moments les formes des personnages sont déformées pour appuyer les émotions. Cela m'a parfois perturbé mais permet d'apporter un peu de douceur, d'humour à l'histoire. Attention cela ne veut pas dire que les dessins ne sont pas maîtrisés, bien au contraire ils sont d'une très grande qualité.

    Du côté du scénario, nous suivons l'histoire de trois personnages, des années 30 aux années 70. Elle commence avec les jeux olympiques de Berlin en 1936 où l'un des trois protagonistes, le journaliste Sohei Togue, couvre ces olympiades pour le compte d'un journal Japonais. 
    Les deux autres protagonistes sont deux enfants allemands portant le prénom d'Adolf, comme le Führer Adolf Hitler, vivant tous les deux au Japon. 
    Adolf Kaufmann, fils d'un attaché de l'ambassade d'Allemagne au Japon, et d'une japonaise et Adolf Kamil, fils d'une couple de boulanger Juif allemand. Deux enfants que tout sépare, entre le père Nazi de l'un et les parents Juifs de l'autre mais qui se rapproche et se lie d'amitié.
    
    L'autre sujet de l'histoire est un document secret indiquant une ascendance Juive d'Adolf Hitler que les nazi voudraient détruire et leurs opposants sans servir pour mettre fin à la guerre. L'auteur s'est basé sur un fait historique faux en vogue pendant de nombreuses années, avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Mais ce n'est que le prétexte pour nous compter l'histoire des deux Adolf et de Sohei.

    Nous pouvons voir à travers cette histoire ce que devait être la vie au Japon entre 1936 et 1945. Ce pays est sous la coupe d'une dictature militaire. La police secrète élimine les opposants au régime. Le patriotisme, le nationalisme, la propagande sont poussés au maximum. Toute voie dissonante est considérée comme ennemi de la nation et supprimée.
    
    La population vie mal, les denrées alimentaires sont de plus en plus rationnées. Mais conduite par la propagande la population reste calme et croit en la nation. Nous avons ainsi un aspect historique dont nous entendons peut parler. Nous avons une vision de la Seconde Guerre mondiale très centrée sur l'Europe et nous ignorons ce qui s'est passé en Asie.

    Nous voyons aussi l'ascension du petit Adolf Kaufmann, d'abord opposé à sont entrés dans les jeunesses Hitlériennes, il s'y retrouve malgré lui mais devient au fil du temps un parfait nazi. Endoctriné, même après la fin de la guerre il sera toujours un ennemi du peuple Juif, malgré son amour pour Élisa Geltheimer, jeune Juive qu'il fera envoyer au Japon. Certaines personnes font preuvent d'incrédulité face à ce qui se passe réellement en Allemagne. Et même le père de la petite Julia pense être à l'abris des nazis, travaillant avec des hauts dignitaires du parti, malgré le fait qu'il soit Juif.

    Les habitants de ces deux pays vivent une histoire parallèle. Ils sont endoctrinés par une propagande, dans un pays ou on élimine toute opposition et on exalte le patriotisme et la nation. Le destin de ces deux nations fut le même, la folie de leurs dirigeants mèneront leurs peuples et d'autres nations à la souffrance et à la destruction.

    Le dernier quart de terre histoire, entre la fin de la guerre et la mort des deux Adolf est poignant. C'est pour moi la meilleure partie de l'histoire. C'est l'apothéose des chapitres précédent. Cela résume la haine que peuvent ressentir les êtres humains. Cette haine qui peut les mener très loin, dans une guerre sans fin, faîte de souffrance, de mort et de vengeance. Cette haine d'Adolf Kaufmann pour les Juifs et pour Adolf Kamil.
    Sohei Togue, acteur et témoin de cette histoire décide de l'écrire et de la publier lorsque les deux Adolf sont mort, pour la léguer aux générations futures. Et c'est un véritable testament que cette oeuvre.

    Je dois vous parler d'un passage qui m'a choqué. Dans le chapitre deux du premier tome, le personnage principale, Sohei Togue a une relation sexuelle avec l'ex petite amie de son frère défunt sans qu'on ait l'impression que se soit pleinement consentie par la jeune femme. Cela m'a vraiment mis mal à l'aise, et je me suis demandé si j'allais continuer à lire. Lorsqu'on voit qu'il l'avait violemment frappé juste avant pour la faire parler.

    Ce n'est pas un titre facile à lire. Même s'il est adouci par les dessins tout en rondeurs de Tezuka, il est rempli de violence, de haine, de vengeance, de mort. Même Sohei Togue est loin d'être le héros de l'histoire, blanc et immaculé. Lui aussi a sa part de noirceur. Bien sûr il y a aussi l'espoir, l'amitié, la justice et l'amour tout au long de cette histoire. Malheureusement la balance penche le plus souvent du mauvais côté. Les derniers chapitres m'ont mis la larme à l'oeil de tristesse face à cette noirceur de l'âme des deux Adolf. C'est une oeuvre sombre de Tezuka. Malgré cela je vous conseille la lecture de ce titre.



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